Les Impressionnistes et le Japon : une relation de longue date

Couverture de l’ouvrage en question. ©Editions Place de la Victoire

En novembre dernier, les éditions Place de la Victoire ont publié Les Impressionnistes et le Japon, un très beau livre qui nous en apprend plus sur les relations entre Japon et Occident. À travers beaucoup de texte et bon nombre d’illustrations, découvrez l’amour porté à tout un genre artistique.

Le développement du Japonisme

À gauche : Hiroshige, Le pont Ôhashi et Atake sous une averse soudaine. À droite : Van Gogh, Japonaiserie : pont sous la pluie. Wikimédia Commons.

Lorsque l’on parle de Japonisme, on pense directement à la peinture ou bien encore à de la céramique, un peu comme comme les chinoiseries, et pourtant c’est plus large que cela. L’auteur, Francesco Morena, insiste bien sur le fait que le Japonisme se retrouve aussi dans d’autres domaines artistiques comme le cinéma ou la mode par exemple. Cette diversité de style a ainsi permis non pas l’expansion d’un mais de plusieurs Japonismes, chaque artiste offrant sa propre interprétation.

Francesco Morena, écrivain, mais aussi docteur ayant validé sa thèse sur les laques chinoises et japonaises à l’Université de Florence, nous donne, en tant qu’expert artistique, toutes les clés pour comprendre comment les goûts artistiques peuvent apparaître. Non pas ex nihilo, mais bien à travers les multiples importations. En effet, l’auteur souligne bien l’importance qu’ont eu les collectionneur et autre personnes publique comme par exemple madame Desoye et sa boutique La Jonque chinoise ou encore via la collection d’Enrico Cernuschi qu’il est possible de voir dans son ancien hôtel particulier, le musée Cernuschi de Paris.

Mais, outre les collectionneurs, que serait le Japonisme sans ses artistes ! Ils ont fait et font encore vivre cet goût, cette esthétique importée, assimilée, fantasmée de l’art japonais sous le pinceaux de plusieurs peintres. Monet, Manet, Van Gogh, Toulouse-Lautrec… Tous ont eu l’envie de nous faire voyager dans un Japon intangible et imaginaire, au-delà du réel.

Par exemple, Les Impressionnistes et le Japon présente La Manneporte de Monet d’un côté et La Grotte d’Enoshima dans la province de Sagami de Hiroshige de l’autre. Un diptyque plutôt saugrenu a priori et pourtant de nombreuses similitudes rapprochent les deux œuvres. Thème, sujet, palettes de couleurs… Pendant un temps, Monet a été habité par l’esthétique de Hiroshige et a su produire une œuvre personnelle digne du Japonisme, un instant suspendu et irréel non pas au Japon mais cette fois-ci en France.

Bouteille en porcelaine de Chantilly dans le style Kakiémon, France (1730-1735), Paris, Musée des arts décoratifs. Photo de World Imaging. Creative Commons.

Aucun grand artiste ne voit jamais les choses telles qu’elles sont dans la réalité. S’il le faisait, il cesserait d’être un artiste.

– Oscar Wilde, cité par Francesco Morena, p. 35

Les Japonais sont la création délibérée et consciente de certains artistes. Si vous placez un tableau d’Hokusai, d’Hokkei ou de tout autre grand peintre indigène à côté d’un vrai Japonais ou d’une vraie Japonaise, vous verrez qu’il n’y a pas la moindre ressemblance entre eux. Les vraies gens […] sont extrêmement ordinaires et n’ont rien de curieux ou d’extraordinaire.

– Oscar Wilde, cité par Francesco Morena, p. 35

Ces citations reflètent parfaitement la pensée profonde de l’auteur autour du Japonisme et de l’Impressionnisme. Une œuvre est un voyage qui doit donner au spectateur l’impression de vivre ou de ressentir quelque chose. Et quoi de mieux pour émerveiller que de faire voyager au travers de couleurs, de motifs, de personnages ou d’ambiances exotiques ? C’est sûrement l’une des interrogations qui a fait et qui fait toujours de ce courant un succès dépaysant !

Amour du Japon

Couverture d’un autre ouvrage de Francesco Morena, Ukiyo-e ou l’estampe japonaise. ©Citadelle & Mazenod

Francesco Morena a su nous montrer son grand intérêt pour les arts japonais et japonisants. Un véritable amour du sujet, une sublimation même qu’il nous dévoile au travers de centaines de pages parfaitement illustrées. Cet attrait qu’il partage avec l’ensemble des artistes qu’il a pu mettre en valeur dans ce beau-livre publié aux éditions Place de la Victoire n’est pas le seul qui témoigne d’un engouement du Japon.

Passionné, cet auteur a publié plusieurs titres autour des arts asiatiques. Les Ukiyo-e, Hokusai ou encore les Chinoiseries ont tous eu droit un ou plusieurs livres, exposant tout l’amour qu’il porte à de tels sujets. Un amour pluriel et polymorphe qui donne au lecteur la possibilité de se plonger et de se replonger sans cesse dans un art qui ne laisse pas indifférent.

Ainsi, Les Impressionnistes et le Japon reflète parfaitement cette pensée. Cet ouvrage nous conte le développement du goût japonais ainsi que son explosion à partir du le XIXe siècle. Il nous fait découvrir un monde à la jonction entre réel et imaginaire où seul l’artiste est maître… Un monde enchanté au cœur d’un Japon mystifié que tout le monde reverrait de visiter.

Pour en savoir plus :

Francesco Morena, Les Impressionnistes et le Japon, Paris, Place de la Victoire, 2023. Lien vers la fiche du livre.

L’expert, Orient Art.

Rokusan, L’art japonais : japonisme et estampes du monde flottant, Journal du Japon, 2024.

Jean-Marc Pinson, Art. L’engouement pour le Japon, Ouest France, 2023.

Image de couverture : Anonyme. Le jardin japonais d’Albert Khan. Carte postale. Wikimedia Commons.

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