One piece, plus qu’une œuvre littéraire ?       

En 2017, le temple bouddhique Daikaku-ji à Kyoto décide d’accueillir une exposition temporaire unique autour de l’univers de One Piece pour célébrer les 20 ans du manga. L’œuvre légendaire du mangaka (auteur), non moins légendaire, Eiichirō Oda est lue à travers le monde entier. Plus qu’un manga, elle est devenue une vraie référence culturelle. Comment expliquer ce succès ?

Spoiler Alert : Cet article utilise certaines ressources issues des tomes 90-105 (première date de de sortie le 4/09/2018) de One piece.

Le chapeau de paille à la conquête du monde

L’histoire est pourtant simple, un jeune homme du nom de Monkey D. Luffy aspire à devenir le « Roi des pirates » en trouvant un trésor légendaire : le One Piece. Pour se faire, il devra atteindre la dernière île de la périlleuse mer « Grand Line ». Accompagné de son équipage constitué au fur et à mesure de son périple, les Mugiwaras (chapeau de paille), il pourfend les mers afin de réaliser son rêve. L’aventure c’est l’aventure !

Le compte Twitter officiel de One Piece rend hommage aux 3 athlètes Mitliadis Tedoglou, Payton Otterdahl et Massimo Stano lors des jeux olympiques de 2021. Image libre de droit

Référence planétaire et iconique de la culture populaire japonaise, le manga édité pour la première fois en juillet 1997 ne cesse jamais de défrayer la chronique ! Vendu à plus de 500 millions d’exemplaires (faisant de lui la 4eme œuvre littéraire la plus vendue de l’histoire), composé de 105 tomes et de plus de 1000 épisodes de série animée, le manga One Piece ne cesse de battre des records. Désormais le manga se fraie même un chemin dans la sphère diplomatique, en 2021, lors d’une visite officielle au Japon le président de la république Emmanuel Macron reçoit un dessin de Luffy et son équipage de la part d’ Eiichirō Oda ! La même année, lors des jeux olympiques au Japon, des athlètes du monde entier célèbrent leurs victoires en s’inspirant de postures tirées des personnages du manga.

Un univers foisonnant de références artistiques

Une des particularités notables du manga tient aussi aux nombreuses références faites à l’art japonais et de manière plus globale à la culture japonaise. Ces renvois sont particulièrement manifestes dans la dernière aventure de Luffy et son équipe, lorsqu’ils se rendent sur l’île de Wano. Il y découvrent une vaste reconstitution sociale du Japon traditionnel de l’époque Edo (1603-1868).  Se dessinent alors un nombre d’allusions intarissables que les plus amateurs pourront aisément déceler : matsuri, desYōkai (Tengu, Kappa), architecture ancestrale, gastronomie traditionnelle… l’arc est une véritable fresque d’un Japon traditionnel où le crayon du mangaka se confond avec l’art de l’estampe des grands maîtres.

Référence à l’oeuvre La Cascade Hirifuri de Katsushika Hokusai ( 1760-1849) dans le tome 91 de One Piece. Images libres de droit

Mais cette démonstration culturelle n’est pas qu’une lettre d’amour d’Eiichirō Oda envers la culture de son pays. En effet, l’arc cache toute une critique de l’histoire du Japon : politique isolationniste (l’île de Wano est cachée et isolée du reste du monde de One Piece), guerres et famines dévastatrices, abus de pouvoir de chefs militaires. Critique qui se porte aussi sur des questions très contemporaines comme l’affirmation d’une justice environnementale plus équitable !

Le personne de Tsurujo (à gauche) qui est directement inspirée des Bijinga (belles femmes) de Kitagawa Utamaro (1753-1806). Images libres de droit

L’hommage du Daikaku-ji pour les 20 ans du manga

Rien d’étonnant à ce que ce Kyoto, berceau de l’histoire du Japon, décide de réaliser une exposition spéciale autour de One Pièce pour célébrer les 20 ans du manga. C’est le Daikaku-ji, temple bouddhique construit au début du 8eme siècle de notre ère qui héberge alors cette exposition de deux semaines intitulée « One Piece Art Nue – Flower of the Beast, Princess and Oath« .

L’exposition est intéressante à plus d’un titre. Tout d’abord elle se construit autour d’une histoire, celle du prince Lark et de sa fiancée Kiku. Les deux époux lors de leur cérémonie de mariage se voient attaqués par un Nue, créature fantastique du folklore japonais. C’est alors que Luffy et son équipage interviennent pour sauver les époux. L’histoire est romancée au travers d’un ensemble d’œuvres qui font directement échos aux anciens arts japonais. On y retrouve des références aux peintures murales impériales, aux dessins libres, à la peinture à l’encre, aux paravents aristocratiques, aux antiques techniques de bronze… ou encore des références plus directes comme celles aux Rouleaux illustrés du Dit du Genji réalisés au 12e siècle.

One Piece sur le devant de l’affiche dans la dernière section de l’exposition portant sur l’influences d’Hokusai à notre époque. Image libre de droit

Dans la continuité du Daikaku-ji, le Museum of Fine Arts de Boston a ouvert cette année une exposition intitulée Hokusai : Inspiration and influence où One Piece est mis à l’honneur !

On le voit bien, les références à One Piece se multiplient de jours en jours. Bien plus qu’un manga, l’œuvre est devenue une véritable icone de la culture pop japonaise. Désormais incontournable, le manga s’invite petit à petit sur les cimaises des institutions culturelles. Alors si vous n’avez pas encore eu l’occasion de lire cette œuvre unique, il est grand temps de vous procurer le premier tome…ou bien d’attendre la prochaine exposition sur One Piece !

Pour aller plus loin :

Un blog rédigé en anglais qui retrace le parcours de l’exposition en présentant un nombre important de ces œuvres.

Culture Manga : Introduction à la BD Japonaise de Fabien Tillon édité en 2020 pour comprendre l’univers du manga de sa création à nos jours.

Traditional Monster Imagery in Manga, Anime and Japanese Cinema de Zilia Papp publié en 2010 pour comprendre les liens entre le manga et l’imaginaire folklorique japonais.

Et pour ceux qui souhaiteraient découvrir l’univers de One Piece… le tome 1 de One Piece (ou même la nouvelle série Netflix One Piece !

Image de couverture : Entrée du jardin de la pagode du Daikakuji présentant une gigantesque œuvre sur pierre peinte figurant Luffy combattant le Nue . Images libres de droit.

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Anonyme dit :

    Bravo pour cette infolettre . Mais pourquoi ne pas parler de Dragon Ball?

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    1. C’est bien vrai ! C’est uniquement pour des questions de goûts personnels que j’ai souhaité axer cet article autour de One Piece et l’orchestrer lautour de cette exposition de 2017 ! Mais il est clair que des mangas comme Naruto ou Dragon Ball, et plein d’autres connaissent un véritable engouement mondial !

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