Dans le folklore japonais, je demande les yōkai ! Tokonoma, en partenariat avec les Éditions de La Martinière pour la publication du livre Yōkai, créatures et esprits surnaturels du Japon en septembre dernier, vous parle plus en détails de ces fabuleuses mais néanmoins terrifiantes créatures qui peuplent l’imaginaire et la culture populaire japonaise.
Les yōkai, que sont-ils ?
Bienveillants, facétieux, ou avec de mauvaises attentions, les yōkai peuvent prendre des formes très différentes les unes des autres. Il en existe une multitude : des esprits, des fantômes, des animaux, des créatures hybrides ou encore des monstres associés aux ōni (démons). Ils vivent dans des habitations abandonnées, des cours d’eau, des forêts ou même parmi nous : les tanuki (chien viverrin) et les kitsune (renard) se métamorphosent en humain pour mieux les duper. D’autres ont un caractère plus ambigu comme la ningyo, l’équivalent japonais de la sirène occidentale, avec un visage féminin, deux cornes et un corps de poisson. Elle peut être représentée comme une belle femme ou au contraire très laide.

Certaines croyances sont attachées à cette créature légendaire : si sa chaire une fois mangée donnait une plus grande longévité, gare au pêcheur qui en attrapait une dans ses filets ! Signe de mauvais augure, il risquait alors de déclencher une véritable tempête. Il vaut mieux donc s’en méfier ! Sur ce détail, la ningyo est dépeinte de manière descriptive, afin de pouvoir la reconnaître en toutes circonstances.
Cependant, bien que les yōkai soient des êtres terrifiants, plutôt hostiles, qui effrayent les humains, beaucoup de représentations ne sont pas sans humour : Tsukioka Yoshitoshi (1839 – 1892) dans Images bouffonnes de lieux célèbres de Tokyō illustre la rencontre au bord d’une route entre un vieillard et un bakejizō, une statue du Jizō Bosatsu (le Boddhisatva Kṣitigarbha), protecteur des voyageurs et des enfants au Japon. Un yōkai, sous les traits du Jizō tente de faire fuir le vieillard, trop myope pour comprendre le mauvais tour qu’on veut lui jouer !

Le livre en lui-même : Yōkai, créatures et esprits surnaturels du Japon

Ancien conservateur du Kawasaki City Museum, Yumoto Koichi, spécialiste des yōkai, auteur de Musée des Yokai, l’art japonais des êtres surnaturels (2020, éditions Sully) rassemble dans cet ouvrage une partie de sa collection. Cette dernière regroupe pas moins de 5 000 œuvres datées de la période Edo (1603- 1868) à aujourd’hui. Il en a confié la charge en 2019 au Miyoshu Mononoke Museum qui devient alors le plus grand musée au monde dédié aux yōkai !
Yōkai, créatures et esprits surnaturels du Japon présente une partie de cette collection. On y découvre un grand nombre d’histoires brèves abondamment illustrées : la Parade nocturne des cent démons, les Cent histoires de fantômes de Chine et du Japon ou le fantôme d’Asakura Tōgo sont évoquées ainsi que bien d’autres encore autour de créatures légendaires comme le kappa ou le raijū. L’ouvrage fait la part belle aux reproductions d’œuvres en présentant emaki (rouleau horizontal), kakemono (rouleau vertical) et estampes avec de nombreux agrandissements permettant d’apprécier les détails des compositions.
À partir de la période Edo, la représentation des yōkai se fait plus intense : à des fins de protection, d’amusement ou commercial, l’essor de la culture populaire et de la gravure sur bois permet une large diffusion de leurs images. Les estampes ornent alors les cartes votives, cartes postales, affiches de théâtre, étiquettes publicitaires ou même les jeux de société !
Pour aller plus loin :
- Attention à ne pas confondre avec un yurei ! Notre article ici .
- Pour un focus sur Amabie, un yōkai protecteur, notre article ici .
Image de couverture : Première de couverture, Yōkai, créatures et esprits surnaturels du Japon, 2022 (c) Éditions de La Martinière.