L’exposition « À portée d’Asie » au musée des Beaux-Arts de Dijon

Aujourd’hui, la rédaction de Tokonoma vous propose de découvrir la dernière exposition du musée des Beaux-Arts de Dijon : À portée d’Asie. Collectionneurs, collecteurs et marchands d’art asiatique en France (1750-1930) ! Comment est né l’intérêt pour l’art asiatique en France ? Comment sont arrivés les objets asiatiques ? Qui les a rapportés ? Comment l’étude des œuvres d’art asiatiques a évolué jusqu’à devenir un domaine de recherche à part entière ? Ce sont autant de questions qui sont adressées au sein de l’exposition dijonnaise, ouverte du 20 octobre 2023 au 22 janvier 2024.

Une exposition pensée en collaboration avec l’INHA

Exemple d’une fontaine ayant appartenu à Louis XV et prêtée pour l’exposition par le château de Versailles.
Fontaine, Chine, Jingdezhen, dynastie Qing, époque Qianlong (1736-1795), et Paris, vers 1743
Porcelaine à glaçure céladon craquelée, monture en bronze ciselé et doré
H. 60,5 ; L. 46,5 ; Pr. 29,5 cm
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. V 5251
© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet

Depuis 2018, l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) mène un programme de recherche intitulé « Collectionneurs, collecteurs et marchands d’art asiatique en France (1700-1939) ». Le but ? Identifier les acteurs qui ont joué un rôle important dans le développement des collections d’art asiatique en France. Pour cela, 140 spécialistes ont été mobilisés, dont Pauline d’Abrigeon, cheffe du projet de 2018 à 2020, que nous avons eu la chance d’interviewer dans Tokonoma. Le résultat de ce programme de recherche est une base de données de notices biographiques, plus précisément, de plus de 250 notices !

L’exposition actuellement présentée à Dijon a été pensée dans le prolongement de ce programme de recherche et met à l’honneur les fiches biographiques. Dans les salles d’exposition, les œuvres sont systématiquement associées à la figure qui les a rapportées d’Asie, à leur collectionneur ou leur marchand. En tout, le visiteur est amené grâce aux 300 objets exposés à connaître la vie d’une dizaine de personnages historiques tels qu’Edouard Chavannes (1865-1918) ou encore Charles Varat (1842-1893)… Pour l’occasion, des œuvres de toute la France ont été réunies, dont des prêts des musées nationaux : musée Guimet, musée du Louvre, Château de Versailles, musée des Arts décoratifs, musée du Quai Branly…

Une volonté de valoriser l’histoire et les collections régionales

De plus, cet évènement dijonnais permet aussi de mettre en valeur des figures moins connues et des collections asiatiques de région ! Par exemple, Florine Langweil (1861-1958) était l’une des collectionneuses et marchandes d’art asiatique les plus réputées de son époque, bien que son nom soit aujourd’hui peu connu. Elle a notamment collectionné et contribué à faire connaître des pièces archéologiques chinoises ainsi que des estampes japonaises. Des œuvres de sa collection sont présentées au sein de l’exposition, prêtées par les musées de Colmar et de Strasbourg.

Estampe ayant appartenu à Florine Langweil
Chōkōsai Eishō 鳥高斎栄昌 (actif entre 1790 et 1799)
La Courtisane Shinateru de la maison Okamoto 鳥高斎栄昌
Série « Kakuchū bijin kurabe » 郭中美人競 (Concours des beautés du quartier des plaisirs)
Japon, époque Edo (1603-1868), 1795-1797
Gravure sur bois, encre et couleurs sur papier H. 37,5 ; l. 24 cm (format ôban yoko)
Strasbourg, cabinet des Estampes et des Dessins, inv. MAD XX.162
© Musées de la ville de Strasbourg / M. Bertola

Enfin, l’accent a tout particulièrement été mis sur les collections asiatiques du musée des Beaux-Arts de Dijon. En effet, le musée a rouvert ses portes en 2019 après dix ans de rénovation. Durant cette période, un chantier des collections a été effectué, afin d’inventorier et d’étudier les œuvres conservées en son sein. À cette occasion, un ensemble important d’œuvres asiatiques a été redécouvert. La plupart avait été placé en réserve au cours du XXe siècle. L’exposition À portée d’Asie est aussi l’opportunité pour le musée de présenter une centaine d’œuvres de ses collections historiques, dont la plupart n’ont pas été montrées au public depuis des années.

Par exemple, savez-vous qui est Jean-Baptiste Jehannin de Chamblanc (1722-1797) ? Membre du parlement de Bourgogne, il possédait, dans son hôtel particulier à Dijon, un « cabinet chinois », soit une pièce remplie d’objets asiatiques : laques, paravent, soieries, images populaires… Lors de la Révolution française, ses collections sont saisies et reversées aux institutions locales. C’est ainsi que le « cabinet chinois » arrive en 1826 au musée de Dijon. Une partie de ce cabinet est présentée dans l’exposition. Le paravent en laque de Coromandel a même été restauré spécialement pour cette occasion !

Paravent à huit feuilles. Scène de palais, l’arrivée d’une délégation et les festivités en l’honneur du général Guo Ziyi 郭子儀 (697-781) des Tang. Chine, dynastie Qing, époque Kangxi (1662-1722) ou Qianlong (1736-1795), fin du XVIIe–XVIIIe siècle
Bois, laque de « Coromandel » (décor gravé et coloré dit kuan cai 款彩, polychromie, dorure)
H. 135 ; L. 346 ; Ep. 1,8 cm
Dijon, musée des beaux-arts, inv. CA 1631-1 à CA 1631-8
© Musée des Beaux-Arts de Dijon / François Jay

À travers les quelques salles de cette exposition, le visiteur découvre sur deux siècles une histoire du goût pour l’art asiatique et des dynamiques de diffusion de celui-ci. L’ensemble est présenté en trois axes, soit trois parties dans l’exposition : les promoteurs des productions asiatiques aux XVIIIe et XIXe siècle, les collections privées du XIXe siècle et la collecte en Asie. En somme, c’est un programme dense mais passionnant, qui permet de découvrir des objets souvent inédits !

Pour aller plus loin

Image de couverture : Éventail peint ; Japon, époque Edo (1603-1868), XVIIIe siècle ; papier marouflé, carton, peinture à la colle, malachite ; H. 31,8 ; L. 60,5 cm (carton support) ; Colmar, musée Unterlinden, inv. 2008-0-57. © Colmar, Musée Unterlinden, photo Le Réverbère / Mulhouse.

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