Aujourd’hui Tokonoma vous parle d’un cousin de Zhao Mengjian dont le dernier article présentait une oeuvre. Il s’agit du célèbre Zhao Mengfu (1254-1322), descendant de la lignée impériale des Song, il accepte en 1286 de servir à la cour de Kubilai Khan (r. 1271-1294) – fondateur de la dynastie mongole des Yuan (1279-1364) qui s’est installée dans la nouvelle capitale Dadu (aujourd’hui Pékin). Il est l’un des peintres et calligraphes les plus célèbres du début de la dynastie des Yuan.

Né au nord de Hangzhou, il reçoit une éducation classique confucéenne au collège impérial de la ville. En 1286 il sert à la cour de Kubilai Khan, puis, il devient gouverneur de la région du Jiangxi et du Zhejiang entre 1300 et 1310, et enfin, sert à l’académie de Hanlin entre 1314 et 1320. Le Yuanshi, ouvrage relatant l’histoire de la dynastie Yuan, rédigé en 1370 sous la dynastie suivante des Ming, le présente comme un fonctionnaire droit, soucieux du bon fonctionnement du gouvernement, conformément à son éducation confucéenne.
Conceptions picturales
Ses points de vue sur la peinture nous sont parvenus par la copie postérieure de colophons qu’il aurait rédigés. Il affirme ainsi un rejet de la ressemblance au profit de l’idée du mouvement et de l’esprit, concepts développés par Xie He – historien et critique d’art du VIe siècle de notre ère. Ces derniers sont indispensable à la réussite d’une bonne peinture. Pour cette raison, les personnages sont les plus difficiles à représenter pour lui en ce qu’ils doivent transcrire une vie propre.

Il puise ses influences parmi les grands maîtres de l’Antiquité, soit ceux, en remontant avant la dynastie des Song, à celle des Tang. Il valorise l’idée de l’antique guyi dans la peinture, celle-ci est visible dans son célèbre paysage conservé au musée national du palais de Taipei, Couleurs d’automne sur les monts Xiao et Hua. Les couleurs bleu-verts des monts sont employées sous les Tang, la perspective plane rompt avec tout effet de profondeur, accentuée par la sobriété du paysage. La modernité vient des lignes calligraphiques traçant le sol et les arbres.

Réputé excellent calligraphe – il crée son propre style nommé zhaoti d’après son nom –, il ne dissocie pas la pratique de la calligraphie de celle de la peinture, en particulier de celle des bambous, rochers et arbres.

« Les rochers comme dans le « blanc volant » [style de calligraphie], les arbres comme dans l’écriture des sceaux ; En traçant des bambous, on applique les huit traits de la technique calligraphique ; Ceux qui comprennent cela savent que calligraphie et peinture ne sont qu’une même chose. »
Bien qu’il ait servi une dynastie étrangère, Zhao Mengfu ne s’est pas positionné en tant que fervent défenseur des valeurs de l’ethnie chinoise Han dont il faisait partie. Il conserve l’attitude d’un homme intègre, auquel les valeurs confucéennes qui ont régit son éducation l’ont poussé à privilégier le bon fonctionnement du gouvernement. Il marque particulièrement la peinture en exacerbant une volonté d’un retour aux temps anciens, se détachant du réalisme que les peintres de la fin des Song privilégiaient et donnant ainsi un nouvel essor à la peinture de lettré.
Pour en savoir plus :
- Mc Clausand, Shane, The Mongol Century : Visual Cultures of Yuan China, 1271-1368, London, Reaktion Books, 2014.
- Cahill, James, La peinture chinoise, Genève, Edition d’Art Albert Skira S.A., 1977.
Image de couverture : Zhao Mengfu, Couleurs d’automne sur les monts Xiao et Hua (détail), v.1295, encre et couleurs sur papier, 28,4 x 90,2 cm, rouleau horizontal, Musée national du palais Taipei. Image : Musée national du palais, Taipei (domaine publique).
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