Aïkido : Art martial ou Art tout court ?

Créé autour des années 1930, sous l’impulsion de son mythique fondateur Ueshiba Morihei (1883-1869), le petit nouveau des arts martiaux connait un succès toujours plus florissant depuis sa création. Cela ne s’expliquerait-il justement pas par la qualité esthétique extrême qu’engendrent ses mouvements ?

Un fondateur semi légendaire

Portrait d’Ueshiba Morihei en 1939. Image libre de droit.

Si je vous racontais la vie d’Ueshiba Morihei, le fondateur de l’Aïkido, vous n’y croiriez pas ! Né dans une famille aux traditions samouraïs encore bien ancrées, à Tanabe en 1883, le futur maître connaît un enseignement aux arts martiaux dès l’âge de 10 ans. Cette pratique qu’il n’aura de cesse de perfectionner et d’enrichir, l’amène à créer en 1931 son premier véritable dojo. Suite à une expérience mystique en 1925, il a la révélation de son art et du chemin qu’il doit prendre.

Fort de son expérience martiale, mais aussi militaire (il a alors déjà participé à la guerre russo-japonaise (1904-1905)), il commence à répandre les prémices de l’Aïkido, l’Aikïbudo. Son expérience de la Seconde guerre mondiale va l’amener à changer les principes de son art martial qu’il juge trop violent et inadapté à ses propres aspirations post-guerre. L’Aïkido proposé par le maître se voit alors épuré pour tendre vers une forme plus souple, plus aérienne. C’est par la même occasion que le maître établit les principes fondamentaux de l’Aïkido comme celui du refus de compétition.

Un art en constante évolution

L’Aïkido connait une expansion mondiale grâce à l’initiative du fils d’Osensei (titre honorifique désignant le fondateur Ueshiba Morihei), Ueshiba Kisshomaru (1921-1999) qui, en fondant l’Aikikai en 1948, va chercher à promouvoir les principes de l’Aïkido à travers le monde entier. C’est un Aïkido teinté de bienveillance, de paix et d’amour que découvre alors de nombreux pratiquants à travers le monde entier. En France, par exemple, c’est Nobuyoshi Tamura (1933-2010) qui œuvre au développement de l’Aïkido dès les années 1960. Rôle que prend en charge la FFAB (Fédération française d’Aikïdo et de Budo) dès sa création en 1982 et dont Tamura est le directeur technique national à sa création. Ces institutions vont perpétuer alors l’héritage de l’Aïkido jusqu’à nos jours, avec notamment la fondation du premier club parisien, le Paris Aïkido Club en 1987, en faisant toujours accroître la popularité de la discipline.

Le fondateur Sensei Morihei Ueshiba exécutant la technique Ikkyo sur son disciple français André Nocquet en 1955 à Tokyo. Image libre de droit.


De nos jours, l’art martial connait environ 300 000 pratiquants en France, soit le plus grand nombre de pratiquants dans un pays en Europe. Codifié autour de certaines règles, telles que le port du Hakama (traditionnel pantalon noir) à partir d’un certain grade, de l’apprentissage de l’ensemble des règles liées au salut (Ritsu-reï) ou encore de la pratique des armes, l’Aïkido se présente comme un art martial complet… et surtout à la portée de tous !

Un art propre à chacun

Si le succès grandissant de la pratique peut s’expliquer par son approche originale, ouverte à tous et très hétérogène dans sa pratique, la discipline ouvre continuellement le champ à la question de son fondement martial.

Bien que cet art martial tire son origine de techniques guerrières visant à mettre hors d’état de nuire le potentiel ennemi sur le champ de bataille, il serait vain de chercher « l’efficacité » au travers de l’Aïkido. De la même manière, il serait tout aussi vain de visualiser cet art martial comme une discipline exclusivement tournée vers des pratiques de bien-être corporelle, déconnectées de toute réalité martiale.

C’est bien cette contradiction interne qui rend cet art martial unique et permet à tout un chacun de s’y retrouver. A la croisée de la méditation, de règles éthiques bien ancrées et d’une esthétique particulière, l’Aïkido agrège toutes les composantes d’un véritable art martial.

Ueshiba Morihei au dojo Noma en 1936. Image libre de droit.

Vous l’aurez compris, chercher à savoir si l’Aïkido est une technique de combat efficace, « réaliste », est secondaire. La visée de l’Aïkido est de tendre à l’amélioration de soi-même, à s’accomplir à travers une pratique tournée aussi bien vers l’autre, son partenaire, que vers soi-même. Alors enfilez vite votre Keikogi (vêtements d’entrainements) et laissez-vous tenter !

Pour aller plus loin

Aïkido – Nature et harmonie de Mitsugi Saotome, élève direct du fondateur de l’Aïkido, qui nous livre sa propre vision de l’Aïkido expliquée au travers de ces grands principes d’harmonie et d’équilibre.

Une démonstration d’Aïkido lors du 30e festival qui a eu lieu à Paris en 2015, pour vous donner un aperçu de la pratique et admirer la beauté des mouvements des deux Aikïdoka.

Et si l’expérience vous tente, Le Paris Aïkido Club, situé au centre de Paris, propose chaque année des semaines d’initiation début été et à la rentrée (et garde toujours la porte ouverte aux néophytes qui souhaiteraient avoir un avant-gout de la pratique durant l’année).

Image de couverture : Deux Aikidokas s’affrontant aux Boken (sabre en bois japonais). Image libre de droit.

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