L’esprit des samouraïs s’invite au musée Guimet

Le musée national des arts asiatiques – Guimet a inauguré le 16 mars dernier une exposition dédiée au guerrier japonais (bushi) et à son univers, intitulée « l’Arc et le Sabre, Imaginaire guerrier du Japon« . Ouverte jusqu’au 29 août 2022, l’exposition s’intéresse à cette classe militaire qui a dominé le Japon du 12e au 19e siècle. Plongée au cœur du bushido, la Voie du guerrier !

L’univers du guerrier : de son équipement à la culture lettrée

Archer japonais (kyudo)
Photographie extraite de l’album
Views & Costumes of Japan de Stillfried & Andersen
Raimund von Stillfried-Rathenitz (1839-1911)
Japon, Yokohama, ère Meiji, 1877-1880
Épreuve sur papier albuminé, colorée
24,3 × 19,5 cm
MNAAG, fonds ancien, AP 11346
© MNAAG, Paris, Dist. RMN-Grand Palais / image
musée Guimet
Casque suji-bachi kabuto aux armoiries du clan
Wakizawa et masque menpo
École Myochin
Japon, époque d’Edo, fin du 18e
-début du 19e siècle
Fer, laque, soie
42 × 40 × 39 cm
MNAAG, don de la Société des amis du musée Guimet
(2014), MA 12684
© RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Les bushi, que l’on appelle plus tard les samouraïs, sont une classe de guerrier qui se développe à partir du 9e siècle autour de notables provinciaux (les daimyo) en différents clans. Ces clans guerriers prennent le contrôle politique du Japon à partir du 12e siècle, mettant en place un gouvernement militaire, le bakufu, contrôlé par un shogun. La classe des guerriers prend alors une importance nouvelle et se fonde sur un code moral et éthique appelé « La Voie de l’Arc et du Cheval » dans lequel le dévouement et la fidélité au seigneur priment. Les bushi sont reconnaissables à leur costume composé d’une veste haori portée par-dessus le kimono et d’un large pantalon hakama. Ils possèdent également le monopole du port de deux sabres, un long, le katana, et un plus court, le wakizashi. Le samouraï doit fidélité à son seigneur qui lui verse une pension.

Loin de n’être que des hommes de guerre, les samouraïs, et plus particulièrement les daimyo et les shoguns, sont également des hommes cultivés qui se sont illustrés dans la poésie waka. Pour ces adeptes du bouddhisme zen, la « Voie du Guerrier » ne comprend pas seulement le maniement des armes mais aussi un certain nombre de pratiques communes aux moines bouddhistes telles la cérémonie du thé, chadô, la voie des bois odoriférant, kôdô, et la voie des fleurs, kadô.

L’idéal du bushi dans le théâtre

Utagawa Kunisada (1786-1864)
Ichikawa Danjuro VII dans un rôle de Shibaraku
Japon, époque d’Edo, 1820
Estampe nishiki-e
19,1 × 16,6 cm
MNAAG, don Norbert Lagane (2001), MA 12214
© RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Les différents genres théâtraux japonais, tels le , le bunraku et le kabuki, ont souvent dépeint l’idéal du samouraï, guerrier courageux incarnant les valeurs ancestrales du Japon. Le , ce genre apparu au 14e siècle, était très en faveur auprès des shogun et consistait en un jeu dramatique très codifié dans lequel les acteurs, tous masculins, arborent des masques et de somptueux costumes. Le bunraku et le kabuki sont des formes théâtrales plus populaires qui se développent avec l’émergence de la culture urbaine de l’époque Edo. Le bunraku est un théâtre de marionnettes tandis que le kabuki est un genre mettant en valeur un jeu d’acteur particulièrement spectaculaire. Affichant un maquillage outrancier caractéristique, l’acteur se fige dans des positions variées pour camper le personnage. Les acteurs de kabuki ont été particulièrement représentés dans l’art de l’estampe à l’époque Edo.

Focus sur les 47 Rônin

Le thème des 47 rônin illustre parfaitement la loyauté indéfectible du guerrier envers son seigneur tout en posant le dilemme suivant : quelle est la plus grande fidélité, celle que l’on doit au shogun malgré l’offense à son propre maître ou celle que l’on doit à son maître? L’histoire des 47 rônin part de faits historiques qui se sont déroulés au début du 17e siècle. Asano Naganori (1667-1701) était chargé d’organiser dans la vile d’Ako la cérémonie d’accueil du shogun qui se rendait à la cour de l’empereur. Kira Yoshinaka (1611-1702), maître de cérémonie du shogun, devait l’initier au protocole rigide régissant ce genre d’occasions. Se montrant insultant envers Asano, ce dernier l’attaqua au sabre et le blessa au visage. Mais dégainer une arme dans le palais du shogun était un acte très sévèrement condamné : pour ce crime, Asano dut se suicider par éventration (seppuku). Ses terres furent alors confisquées et les samouraïs à son service se retrouvèrent sans maître, devenant ainsi des rônin, hommes d’arme errants. Fidèles à leur maître au-delà de la mort, ils organisèrent l’attaque de la maison de Kira, le tuant en décembre 1702. Les quarante-sept rônin furent condamnés à se faire seppuku le 4 février 1703.

Utagawa Hiroshige (1797-1858)
Série Le trésor des vassaux fidèles
Acte XI : Attaque nocturne 2, l’assaut
Japon, époque d’Edo, milieu de l’ère Tempo (1830-
1844)
Estampes nishiki-e
24,9 × 36,1 cm
MNAAG, fonds ancien, IJ 413 68
© RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / image RMN-GP

L’histoire des 47 rônin est un thème largement employé dans l’art de l’estampe, Utagawa Hiroshige lui consacra une série de 19 estampes présentée en partie dans l’exposition, ainsi que dans les pièces de théâtre de bunraku et de kabuki. La plus célèbre d’entre elles est certainement le Kanadehon Chushingura, dit Le trésor des vassaux fidèles.

L’exposition s’achève par la persistance de la représentation de la figure du samouraï dans l’imaginaire japonais contemporain. Ces guerriers occupent toujours une place importante dans la culture populaire japonaise et sont fréquemment représentés dans les films et manga. Une exposition intéressante bien qu’un peu courte mais qui dresse avec acuité le portrait de l’élite guerrière qui a dominé le Japon pendant près de six siècles !

En savoir plus

« L’Arc et le Sabre, l’imaginaire guerrier du Japon », du 16 mars au 29 août 2022, Musée national des arts asiatiques-Guimet, retrouvez les informations pratiques ici .

Image de couverture : Utagawa Hiroshige (1797-1858), Série Le trésor des vassaux fidèles, Acte XI : Attaque nocturne 2, l’assaut, Japon, époque d’Edo, milieu de l’ère Tempo (1830-1844), Estampes nishiki-e, 24,9 × 36,1 cm, MNAAG, fonds ancien, IJ 413 68 © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / image RMN-GP

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