Exposition Médiations : regards croisés de quatre graveuses

La galerie de L’Espace des femmes à Paris propose jusqu’au 30 janvier 2021 une exposition croisant les regards de quatre artistes issues de trois continents différents autour de la question : « qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? ».

Médiations : définitions

Conçue par la commissaire d’exposition He Yuhong, présidente de l’Union des Artistes d’Asie en France, l’exposition s’articule autour de la notion de médiation. Ce terme polysémique regroupe ici tous les moyens à notre disposition afin de traverser, en leur donnant du sens, les épreuves qui nous sont imposées. L’art en fait bien évidemment partie, en enrichissant notre relation au monde et notre capacité à mieux le comprendre.

Cette thématique éminemment actuelle est reflétée par un parcours nous présentant quatre graveuses issues d’horizons différents : la Taïwanaise Shu Lin Chen, l’Espagnole Maria Chillon, la Chinoise Guo Rong et l’Argentine Ximena de Leon Lucero.

Une technique, quatre visions

Le travail de chaque artiste se caractérise par l’appropriation d’une technique de gravure mise au service d’un univers personnel fort, offrant à la fois un aperçu de la vitalité de la gravure contemporaine et une fenêtre sur quatre œuvres singulières.

Celle de Shu Lin Chen semble se situer au point d’équilibre entre harmonie et chaos. La douceur et l’immobilité des planètes qui habitent les compositions présentées contrastent avec des masses au tracé nerveux et expressif, soulignées par l’emploi de couleurs éclatantes.

Shu Lin Chen, Astres, eau-forte sur cuivre au burin et vernis mou, 2009. ©Justine Veillard.
Shu Lin Chen, Moon phase, eau-forte sur cuivre au burin et vernis mou, 2013. ©Justine Veillard.

A l’inverse, Maria Chillon se propose de capturer le mouvement de la vie, qu’elle soit humaine, animale ou végétale, dans de grandes formes noires abstraites, au puissant pouvoir évocateur. Il est par ailleurs amusant de constater que ce sont les œuvres de cette artiste espagnole qui évoquent visuellement le plus l’art d’Extrême-Orient ! Bien que les intentions de l’artiste soient tout autres, difficile en effet de ne pas faire le lien avec la calligraphie.

Maria Chillon, Nudo, gravure au burin sur plaque de cuivre, 2020. ©Justine Veillard

Plus figuratifs, les univers de Guo Rong et Ximena de Leon Lucero se teintent tous deux de surréalisme. Si celui-ci s’allie avec un certain humour chez Guo Rong, dont les personnages hybrides sont rendus aussi accablés que touchants par les lourds assemblages d’objets qui leur servent de têtes, le surréalisme devient fantastique chez Ximena de Leon Lucero : le végétal dialogue avec les ossements et les tendons des écorchés, tandis qu’une inquiétante étrangeté se dégage de compositions plus abstraites.

Guo Rong, Smog, gravure au burin et couleurs en technique Hayter, 2020. ©Justine Veillard.
Ximena de Leon Lucero, Quoth the raven nevermore, manière noire sur cuivre, 2020. ©Justine Veillard

Échos et correspondances

La grande cohérence du parcours d’exposition tient cependant aux résonances qu’entretiennent entre elles ces œuvres pourtant éminemment personnelles. Un dialogue s’instaure, non pas tant autour de la technique qu’autour de thématiques communes. L’hybridation, les aller-retours entre microcosme et macrocosme ou encore le végétal en font partie, passés au filtre de l’esthétique de chacune des artistes.

Ainsi, aux masses d’objets hétéroclites des atlantes de Guo Rong répondent les sphères célestes des compositions de Shu Lin Chen tandis que Ximena de Leon Lucero et Maria Chillon explorent toutes les deux le potentiel expressif du végétal réduit à ses formes les plus pures.

Ximena de Leon Lucero, Renacimiento, gravure au burin et collage, 2020. ©Justine Veillard

« Qu’est-ce qu’une œuvre d’art ? » : à sa vaste question de départ, l’exposition propose un début de réponse en présentant un ensemble d’œuvres alliant matérialité du geste technique et réflexion sur les différents aspects – humain, végétal, vivant ou non – du monde qui nous entoure. Une médiation dont la poésie demeure même une fois les portes de l’exposition passées !

En savoir plus

Médiations – Shu Lin Chen, Maria Chillon, Guo Rong et Ximena de Leon Lucero, du 9 décembre 2020 au 30 janvier 2021, galerie de l’Espace des femmes, 35 rue Jacob 74005 Paris. Exposition en entrée libre et gratuite, du mardi au samedi de 14h à 19h. 01 42 60 93 76 / espace@desfemmes.fr. Le port du masque est obligatoire dans l’exposition, du gel hydro-alcoolique est mis à disposition des visiteurs.

Image de couverture : Shu Lin Chen, A l’heure juste (détail), eau forte sur plaque de cuivre, 2007. ©Justine Veillard

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s