L’étonnant musée de Georges Labit à Toulouse

Au détour d’une rue du quartier du Busca à Toulouse se dresse un étonnant bâtiment de style mauresque : le musée Georges Labit, du nom de son fondateur, renfermant une collection d’art asiatique et égyptien. Tokonoma vous fait visiter cet étonnant musée ainsi que sa collection éclectique constituée au XIXe siècle.

Georges Labit, du fils prodigue à l’ethnographe reconnu

Georges Labit [à droite] et son compagnon de voyage, M. de Montreuil, en 1889, probablement sur le perron de la Villa bleue près d’Alger, photographie, 1890-1891, Musée Georges Labit

Fils d’un riche négociant toulousain, Georges Labit (1862-1899) échoue au baccalauréat et est envoyé à Paris par son père afin d’y étudier l’histoire, la géographie et l’allemand. Il y mène la grande vie et dépense une partie de la fortune familiale aux courses hippique, ce qui amène son père à le placer sous tutelle pour le reste de sa vie. Il déménage ensuite à Vienne alors ville intellectuelle et bouillonnante afin de parfaire son apprentissage du commerce.

À la fin de ses études, son père l’envoie prospecter pour La Maison Universelle – son magasin et l’un des plus fréquentés de Toulouse. Il voyage ainsi en Europe, notamment en Scandinavie en 1888 et se rend au Japon en 1889 en steamer, partant de Marseille et passant par l’Egypte, le Sri Lanka et la Chine.

Intérieur du musée de Georges Labit, salle sous la verrière à l’étage, 1894, Musée Georges Labit

Il est frappé par le Japon qu’il décrit ainsi : « L’âme humaine se sent à la fois élevée et écrasée. On reste stupéfait devant ces accumulations de laque, ces toitures colossales et cet encadrement merveilleux d’arbres éternellement en deuil. » Visitant Tokyo, Nikko, Yokohama, Kobe et Kamakura, il en rapporte une partie de sa collection, des photographies et impressions de voyage.

Au fil de ses voyages, Georges Labit collecte de nombreux objets, témoignages des civilisations qu’il rencontre. Il s’oriente progressivement vers l’ethnographie et devient membre de la Société Géographique de Toulouse. Labit donne des conférences, publie ses mémoires de voyage : il est alors une personnalité importante de l’intelligentsia toulousaine.

Heurs et malheurs du musée Georges Labit

Si Georges Labit ne se plaît pas à Toulouse, qu’il juge « petite-bourgeoise », c’est tout de même dans sa ville natale qu’il décide de fonder son musée dans les années 1890. Il confie la réalisation du bâtiment dans un style néo-mauresque alors à la mode à l’architecte toulousain Jules Calbairac. Le musée est inauguré en 1893 mais Georges Labit décède brutalement en 1899, à l’âge de 37 ans. Le musée reste alors à l’abandon pendant près de 40 ans malgré son leg à la ville de Toulouse en 1912.

Vue du musée Georges Labit, 20202. Crédit : Camille Despré

Dans les années 1930, le musée sort progressivement de sa torpeur grâce au travail d’Albert Sallet, ancien médecin colonial et correspondant de l’Ecole Française d’Extrême-Orient. Après plusieurs années au Vietnam, Albert Sallet s’installe à Toulouse en 1931 et se charge alors de la mise en oeuvre du leg Labit. À cette époque, le musée Labit est un « vieux musée oriental et asiatique (du Japon surtout) très dégradé ». Il recense, étiquète et classe les oeuvres et documents laissés par Georges Labit permettant ainsi au musée d’ouvrir partiellement en 1935. Il faut attendre 1945 pour que le musée ouvre totalement suite à l’impulsion d’une autre personnalité phare : Philippe Stern. Conservateur du musée Guimet, il se réfugie à Toulouse pendant la Seconde guerre Mondiale et participe activement à l’enrichissement des collections du musée.

Infatigable voyageur, Georges Labit a constitué une collection documentant les modes de vie des nombreuses civilisations rencontrées durant ses voyages. Le musée Georges Labit témoigne ainsi de l’intérêt au 19e siècle pour les cultures extra-européennes et est à replacer dans la lignée des musées Guimet et Cernuschi.

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Explorez les archives laissées par Georges Labit en ligne

Image de couverture : Façade du musée Georges Labit, 2020. Crédit : Camille Despré

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