Chaque civilisation possède ses propres mythes et légendes sur la naissance du monde et sur l’apparition de l’Humain sur Terre. Pour les Coréens, il s’agit de la légende de Tangun qui désigne le premier roi mythique et père fondateur du peuple coréen. Pourtant un passage de ce récit se rapproche beaucoup de la « réalité ». Alors qu’un jour le dieu Hwanung mit à l’épreuve une ourse et une tigresse voulant devenir humaines, l’ourse se transforma en femme, devint son épouse et enfanta Tangun. Il est aujourd’hui possible de rapprocher cette ourse des Sibériens qui ont immigré jusqu’en Corée et beaucoup influencé les mœurs et les arts des populations locales lors du Néolithique.
L’Avènement de la poterie : la période Jeulmun (8000 – 1500 AEC)
Il est aujourd’hui possible, grâce à des fouilles archéologiques, de démontrer que l’origine du mythe de Tangun se rapproche de la réalité historique. En effet, les plus anciennes pièces de poteries retrouvées sur le site de Gosan-ri (île de Jeju), sont très similaires aux productions retrouvées dans le bassin de l’Amour, en Russie. Ces tessons se caractérisent par une absence de décor. Ces poteries cuites à basse température servaient très certainement aux chasseurs-cueilleurs de l’époque. Il est intéressant de noter qu’il existe d’autres sites comme celui de Ojin-in, dans la province de Gyeongsang du Nord, qui possèdent également de telles céramiques.

La céramique s’est ensuite diversifiée avec le temps. Sur des sites comme Domsang-dong, non loin de Busan, des poteries dites « à décor appliqué » ont été retrouvées, accompagnant de nombreux amas coquilliers, pierres polies, ornements, objets de chasse et de pêche.
Vase. Terre cuite. Décor appliqué. 5000-4000. Busan, côte du sud-est. Musée national de Corée. Masque. Coquillage. L. 10,7 cm. Amas coquillier de Dongsam-dong. Vers 5000 AEC.
Musée national de Corée.Vase. Terre cuite. Style classique Chŭlmun à décor au peigne. Néolithique moyen. Musée national de Corée.
Les humains se sédentarisant de plus en plus, ils s’éloignent progressivement du statut de chasseur-cueilleur-pêcheur pour devenir des chasseurs-cueilleurs-agriculteurs. C’est du moins ce que tendent à prouver les restes de céréales comme le millet sur les sites Amsa-dong à Séoul ou encore Osan-ri à Gangwon. Les populations vont ensuite peu à peu se disperser dans les terres dès les prémices de l’Âge de bronze.
La merveille de Bangudae
La poterie de Jeulmun n’est pas le seul vestige du Néolithique coréen. En effet, des chercheurs ont découvert en 1971 des pétroglyphes, attestant l’existence d’un art rupestre coréen entre 7000 et 3500 AEC. Alors qu’en 1995 ces dessins sur roche sont reconnus trésors nationaux, le site est quant à lui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2010.
Le site de Bangudae Les pétroglyphes de Bangudae
Ce pan de mur mesurant 5 mètres de haut sur 8 mètres de long se trouve sur les bords de la rivière Taehwa. Il a été protégé des intempéries par des protubérances rocheuses présentes sur la falaise où les pétroglyphes sont dessinés. Un autre pan de mur appelé « Cheonjeon-ri », retrouvé non loin du premier, comporte lui aussi des gravures semblant indiquer qu’il a été gravé sur une période allant de la fin du Néolithique (vers 1500 AEC) jusqu’à l’époque Silla (57 AEC – 668 EC). Pour en revenir aux pétroglyphes de Bangudae, l’ensemble est composé de 3 blocs et de 248 figures, dont 186 motifs identifiables et 52 indéterminables. 20% de ces derniers sont des cétacés, une baleine évoque notamment le monde de la pêche du Néolithique coréen. De plus, la majorité des humains représentés sont armés d’arcs et de harpons. Ces scènes permettent de mieux comprendre les activités des humains de l’époque, comme celle de la chasse à la baleine. Cela semble coïncider avec les éléments retrouvés sur d’autres sites archéologiques, à Changnyeong ou à Ulsan.
La Corée du Néolithique reste encore trop peu connue à ce jour. Pourtant, il est indéniable qu’un véritable tournant dans les mœurs s’est produit à cette époque. Les Humains, alors chasseurs-cueilleurs-pêcheurs, se sont peu à peu sédentarisés et éloignés des mers pour aller vers les terres et ainsi se moderniser en se rapprochant de l’Âge du bronze.
En savoir plus :
- « Le mystère des baleines de Bangudae en Corée du Sud », émission Carbone 14, le magazine de l’archéologie du 1er juillet 2017, sur France Culture
- Sang-mog LEE, Romain PIGEAUD et Geoffroy de SAULIEU, L’art rupestre préhistorique en Corée du Sud, 2002, n°34 [en ligne]
- Conférence du professeur Henry de LUMLEY, vidéo du Musée de l’Homme
- « La Corée des Origines » : exposition au Musée de Préhistoire de Tautavel, vidéo du musée
Image de couverture : Les pétroglyphes de Bangudae. Source : Wikimedia Commons. Crédits : Ulsan Petroglyph Museum.
Voilà longtemps que je souhaitais en apprendre plus sur la culture et l’art coréen !
Merci pour cet article, j’attends les prochains avec impatience !
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