Au XVIIème siècle, deux civilisations millénaires, le Japon et l’Europe sont pour la première fois réellement confrontées l’une à l’autre. De cette rencontre naîssent différents styles hybrides influencés par les deux traditions picturales. Aujourd’hui, nous vous emmenons à la rencontre de Maruyama Ōkyo, fondateur de l’école Maruyama Shijo !

Une formation classique
Maruyama Ōkyo est né en 1733 près de Kyoto, il entre en apprentissage chez un peintre de l’école Kanō, une école de peinture traditionnelle japonaise, dès ses 6 ou 7 ans. Il est bon élève, on a même ses premières copies de peintures, sorte de devoirs de l’époque !La curiosité pour l’Europe
Maruyama Ōkyo, bien que très doué dans la technique japonaise traditionnelle veut produire quelque chose de différent. Il se met à consulter de nombreuses gravures chinoises et hollandaises, autorisées au Japon depuis 1720. Il se prend aussi de passion pour les megane-e, de grosses boîtes en bois qui permettent avec une lentille et un miroir de voir l’image comme si on y était. C’est un peu les lunettes 3D de l’époque ! Il produit alors des estampes en utilisant la perspective occidentale, comme ci-dessous.
La reprise des thèmes chinois
Bien que Maruyama Ōkyo soit très attaché aux thèmes classiques de la peinture japonaise, comme les grues, il remet au goût du jour la peinture de fleurs et d’oiseaux chinoise, notamment avec ses paons et pivoines, qu’il a représentés plusieurs dizaines de fois ! Ce qui est remarquable dans ses représentations, c’est qu’il y a une attention au détail inédite, si vous regardez le corps du paon, vous pourrez voir les plumes dessinées une par une. Vous imaginez le temps qu’il lui a fallu ?
L’innovation technique de la perspective
Le très grand souci du détail n’est pas la seule chose que le peintre puise dans la peinture européenne, il invente grâce à la perspective représentée dans les gravures hollandaises son propre système de perpective : la représentation à point focal unique. Plutôt que de représenter les arbres à la japonaise, il situe en général au milieu du tableau son point focal, autrement dit l’arbre comme si vous le fixiez en ce point précis, puis développe les branches autour avec ce point pour centre. Ainsi, il crée des représentations d’une grande profondeur. Dit comme ça, cela vous semble peut-être un peu compliqué. Mais si en regardant Les pins sous la neige en question, vous avez aussi l’impression que l’arbre sort presque en relief de la peinture, alors vous avez compris la perspective à point focal unique!
Pour aller plus loin :
– Lineage of eccentrics, Nobuo Tsuji, éditions Kaikai Kiki
– Le Japon, Hazan, Rossella Menegazzo
Image de couverture :
Grues, 1772. Paravent gauche, d’une paire de paravents à 6 feuilles. Encre, couleurs et or sur papier, 170.82 x 349.89 x 1.91 cm. chaque. LACMA (image libre de droits)