L’Ancien Evêché de Grenoble accueille dans ses murs une exposition sur les estampes japonaises jusqu’au 31 mars, dans le cadre de l’Année du Japon.
L’exposition « Montagne et paysage dans l’estampe japonaise » se compose de plus de 130 œuvres des plus grands maîtres de l’art de l’estampe japonaise : Katsushika Hokusai (1760-1849) et Utagawa Hiroshige (1797-1858), provenant majoritairement de la collection d’estampes du Musée départemental de Gap et des Archives départementales des Hautes-Alpes.
L’art de l’ukiyo-e

L’exposition débute d’emblée avec Sous la vague au large de Kanagawa, l’estampe emblématique de Hokusai. Publiée au cours de la période d’Edo, en 1831, cette gravure sur bois est la première de la célèbre série des « Trente-six vues du mont Fuji » de l’artiste japonais. Cette estampe est typique de l’ukiyo-e (images du monde flottant), ce langage artistique né au XVIIe siècle au Japon. Hokusai et Hiroshige, maîtres du genre, vont le transfigurer. Pour contourner la censure croissante du shogun, ces artistes se tournent vers le paysage et la nature. Dans cette société prospère et citadine, mais totalement renfermée sur elle-même, ces images largement diffusées répondent à un besoin de retour aux sources et au rythme des saisons.
La mode du paysage

La Vague d’Hokusai ouvre donc la danse de la célèbre série des « Trente-six vues du mont Fuji », dans un état de parfaite conservation qui nous permet d’apprécier la fraîcheur des teintes et du papier, proches sans doute de leur état d’origine. Chaque mois jusqu’à la fin de l’événement, neuf nouvelles vues sont dévoilées, afin de préserver les estampes de la sur-exposition à la lumière et de permettre à ceux qui le souhaitent d’admirer la série dans son intégralité.
La nature est souvent habitée, comme dans cette fameuse série des « Cinquante-trois relais du Tôkaidô », de Hiroshige. Elle fait de ce descendant de samouraïs l’un des artistes le plus en vue de son époque, avec Hokusai.
Les mitate-e

Après une vidéo qui explique la technique de l’estampe et deux planches de manga, carnets de croquis réalisés par Hokusai à l’attention de ses étudiants, l’exposition se conclut par une salle consacrée aux estampes mitate-e : des images parodiques où portrait et paysage se répondent. Les doubles-sens et les références sont nombreuses et secrètes, des énigmes colorées mettant en scène les contes et légendes du Japon. C’est une des premières fois en Europe que l’on peut admirer ces œuvres d’art.
Cet événement s’inscrit dans une politique plus large de la ville et de l’Isère, qui met ses musées départementaux à l’heure japonaise ! À commencer par le Musée de la Résistance et de la déportation de l’Isère, qui proposait depuis le 14 juin 2018 l’exposition « Hibakusha », consacrée aux dessins de survivants des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki. Le Musée Hébert consacre une exposition au Japon d’Hébert et aux pièces japonaises de la collection du peintre depuis le mois de novembre. Quant au Musée dauphinois, c’est en partenariat avec le Musée des Confluences de Lyon, et avec le soutien de la Japan Foundation et de la Drac Auvergne-Rhône-Alpes qu’il propose la grande exposition « Des samouraïs au kawaii : histoire croisée du Japon et de l’Occident », du 26 octobre 2018 au 24 juin 2019.
Informations :
Musée de l’Ancien Evêché – Grenoble
« Montagne et paysage dans l’estampe japonaise » du 8 décembre 2018 au 31 mars 2019
Entrée gratuite
Image de couverture : Le coup de vent dans les rizières d’Ejiri dans la province de Suruga, issu de « Trente-six vues du mont Fuji »– 18e vue, Katsushika Hokusai (1760-1849)
(Domaine public)
Photographies de Manon Sarda
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