L’écriture chinoise, du mythe à l’archéologie

La Chine est considérée comme l’une des plus longues, et des dernières, civilisations continues : on retrouve des éléments de culture identiques depuis presque trois millénaires, notamment l’écriture. Bien sûr, celle-ci a évolué en 3000 ans ! Elle s’est aussi adaptée au vocabulaire moderne, aujourd’hui c’est près de 55000 caractères qui composent la langue chinoise. Et si on vous aidait à vous y retrouver ? 

Mais qu’est-ce qu’un idéogramme ?

Un idéogramme, pour simplifier, c’est un signe qui désigne un mot. Il y a eu trois civilisations utilisant les idéogrammes dans l’Histoire : les Egyptiens, les Sumériens, et enfin, les Chinois. Pour le cas de la Chine, on parle surtout de caractères. Chaque caractère désigne un mot, mais plusieurs caractères ensemble peuvent désigner un autre mot. L’un des plus beaux exemples pour mieux comprendre, ou l’un des plus poétiques, est peut-être celui du mot 文盲 wenmang, qui signifie illettré. Il est composé du mot wen, les lettres, la littérature, et du mot mang, aveugle. L’illettré est donc celui qui est aveugle aux lettres.

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Poème calligraphié par Wen Zhengming (1470-1559) sur un éventail conservé au Metropolitan Museum.

Un caractère peut-être très simple, comme 一,yi, qui signifie un, mais certains comportent jusqu’à 50 traits ! Le caractère le plus compliqué désigne une recette régionale de nouille, autant dire que ce n’est pas le mot le plus indispensable. Ainsi, sur les 55000 caractères qui composent le lexique chinois, seulement 3000 sont utilisés couramment.

L’invention mythique de l’écriture

La mythologie chinoise débute avec ceux que l’on appelle les trois Augustes et les cinq Empereurs. Bien que la composition des trois Augustes varie d’une mythologie à l’autre, il est généralement admis que Füxi est le premier des trois, c’est lui qui aurait mis en place les huit trigrammes, soit les fondements de l’écriture. Le plus impressionnant c’est que l’on retrouve déjà dans ces signes les concepts d’alternance entre le Yin et le Yang !

Cang Jie, l’inventeur mythique des caractères chinois

Mais c’est sous l’empereur Huangdi que sont, légendairement du moins, inventés les caractères ! En fait, c’est l’un de ses ministres Cang Jie, qui après avoir observé les traces laissées par les pattes d’oiseaux dans le sable, aurait eu l’idée d’inventer les caractères. Voici donc comment est née, mythiquement, l’écriture chinoise. 

Les sources archéologiques, une écriture magique ?

Historiquement, la naissance de l’écriture est assez différente.  Les premiers textes attestés archéologiquement datent de 1300 av J.-C et ont été gravés sur des plastrons de tortues et des omoplates de bœuf. On nomme l’ensemble de ces objets les jiaguwen. Mais à quoi servaient-ils ?

Les jiaguwen ont en fait une fonction divinatoire, ils permettaient aux rois de poser des questions aux ancêtres. Cela peut être toutes sortes de questions, allant de « est-ce qu’il fera beau demain ? » à « de quel sexe sera l’enfant à naître ? ». Cette question est gravée sur l’objet. Puis le devin applique un tison sur l’os. Des craquelures se forment alors, que le devin interprète comme la réponse des ancêtres. La réponse est alors à son tour gravée sur l’os que l’on conserve dans une fosse. Et voici comment fonctionnent les premières archives chinoises !

Un exemple de jiaguwen, plus précisément une omoplate de bœuf, conservée au Metropolitan Museum.

En somme, l’écriture est une part importante de la civilisation chinoise, qui se place au cœur de la mythologie aussi bien qu’au cœur de l’histoire. Il faut attendre la dynastie Zhou (1050-221 av. J.-C.) pour que l’écriture perde de sa valeur sacrée et devienne accessible à un plus grand nombre. 

Pour en savoir plus : 

  • Elisseeff, Danielle, Art et archéologie : la Chine du Néolithique à la fin des Cinq Dynasties (960 de notre ère), Paris : Réunion des Musées Nationaux, 2008, coll. « Manuels de l’Ecole du Louvre », 381 p.
  • La BNF a écrit sur l’invention des différentes écritures.

Image de couverture : Poème calligraphié par Wen Zhengming (1470-1559) sur un éventail conservé au Metropolitan Museum.

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