La période Hakuhô est une période particulière de l’histoire de l’art du Japon. En effet, les historiens nous indiquent qu’il s’agit de la période Asuka qui débute en 538 pour se terminer en 710. Mais lors de l’an 645, des problèmes politiques intérieurs au pays amènent à une réforme du gouvernement. Cet événement, la réforme de Taika, modifie profondément la politique du pays et se répercute sur les arts.
En effet, les artistes sont de plus en plus influencés par la religion…. Et la nouvelle croyance populaire qui provient tout droit de Chine n’est autre que le bouddhisme. Ainsi, toutes les productions artistiques de la période Hakuhô sont une assimilation de techniques et de nouveaux modèles de représentations provenant de l’étranger.

L’une des œuvres les plus évocatrices de la période Hakuhô (645-710) est la statue du bodhisattva Kannon conservée au Temple du Horyu-ji. Cette divinité indienne à l’origine masculine a ensuite été féminisée par le culte Theravada ainsi que par la croyance populaire. La sculpture du Horyu-ji mesure environ 2 mètres et était à l’origine entièrement peinte… comme les sculptures grecques et romaines antiques. Bien qu’ayant une petite tête, les traits harmonieux et gracieux du corps se marient à la perfection avec la douceur de son expression ou bien la souplesse du drapé. Si nous ne regardons que de face cette statue, elle ne déroge en rien aux représentations japonaises antérieures. Il faut la voir sous un tout autre angle ! Kannon est, en effet, la première statue à utiliser la notion de perspective et de troisième dimension avec le mouvement du bras. De plus, il est aujourd’hui impossible de déterminer l’auteur de cette statue ou bien l’école qui l’a sculptée. Aucun objet mis à part cinq statues du pavillon principal du monastère Hôryû-ji ne lui sont similaires. Toutefois, certains chercheurs pensent qu’il pourrait s’agir d’une œuvre du sculpteur Yamaguji no Ôguchiatai, très populaire à la fin du VIIe siècle. L’archaïsme de l’art japonais commence alors à se diversifier !
La période Hakuhô est également célèbre pour ses statuettes sacrées.

En effet, les artistes ont rapidement véhiculé les nouvelles croyances au travers de ces nouvelles créations. Ces dernières ont la particularité d’avoir de petits visages harmonieux qui exploitent une nouvelle donnée essentielle à la production sacré : l’esthétique. Parmi les multiples productions de cette période artistique, une statuette en bronze doré est actuellement exposée au musée national de Tokyo. Elle représente une divinité importante du culte bouddhique : un bodhisattva. Présenté assis, Maitreya est dans une position pensive, son visage légèrement penché en avant et sa main droite touchant sa joue. Encore une fois, le détail est porté sur les expressions faciales et sur le drapé qui montrent que la notion de joliesse était essentielle à partir de cette période.

Les artistes chinois n’influencent pas seulement les arts de la sculpture et de l’orfèvrerie mais aussi la broderie ainsi que l’architecture. Les temples sont un parfait exemple des multiples changements que le bouddhisme a opéré. Les petits sanctuaires shinto qui étaient alors la norme côtoient de gigantesques monuments dédiés à Bouddha et au bouddhisme.
La période Hakuhô permet au bouddhisme une plus grande expansion au Japon. Les nouvelles formes du visage, plus rond et chaleureux que par le passé, proviennent directement des productions chinoises des dynasties Qi, Sui et Tang. Une hybridation qui change profondément l’art et le paysage japonais.
En savoir plus :
- Iwao Seiichi, Iyanaga Teizō, Ishii Susumu, Yoshida Shōichirō, Fujimura Jun’ichirō, Fujimura Michio, Yoshikawa Itsuji, Akiyama Terukazu, Iyanaga Shōkichi, Matsubara Hideichi. 686. Kudara kannon zō. In: Dictionnaire historique du Japon, volume 13, 1987. Lettre K (3) p. 110.
- Naissance de la sculpture bouddhique. In: Jômon. L’Art du Japon des origines (Paris – 1998) : Les Fiches Expositions
Image à la une : La pagode à Cinq étages ainsi que le Grand Hall du temple Hōryû-ji, Nara, préfecture de Nara, Japon. Photo : 663highland
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