A l’occasion de l’événement « Japonismes 2018 » célébrant les 160 ans de relations diplomatiques franco-japonaises, la Halle Saint Pierre organise une exposition intitulée « Art Brut Japonais II ». Tokonoma vous embarque pour un petit aperçu de ces œuvres hautes en couleurs (et en noir et blanc)…

Commençons par le commencement… Tout d’abord, qu’est-ce que « l’art brut » ? En 1945, Jean Dubuffet (1901-1985), artiste majeur de ce courant, regroupe sous ce terme « les productions de toute espèce […] présentant un caractère spontané et fortement inventif, aussi peu que possible débitrices de l’art coutumier ou des poncifs culturels, et ayant pour auteurs des personnes obscures, étrangères aux milieux artistiques professionnels »*. Les artistes associés à ce courant sont souvent isolés socialement et mentalement et Dubuffet voyait en eux des visionnaires. Par leur « handicap » (ou plutôt devrait-on dire par leur « singularité ») ils font éclater un art qui se veut logique et analytique en revenant à une expressivité plus « brute », plus spontanée, parfois proche de celle de l’enfant, souvent impulsive via des matériaux divers et variés comme le dessin, le textile, la céramique etc. Un art sans frontières matérielles !

Située sur la Butte Montmartre, la Halle Saint Pierre est un centre culturel parisien justement spécialisé dans les expositions d’art brut et d’art singulier ! Huit ans après la première session, le Japon est de nouveau à l’honneur dans cet espace, avec près de 50 artistes exposant cette année. Alors qu’en Occident le concept d’art brut est reconnu par les institutions depuis quelques décennies maintenant, au Japon il émerge tout juste depuis quelques années. L’art brut est donc sans frontières géographiques !

A travers les deux étages de l’exposition, on retrouve bien la diversité des matériaux de l’art brut et une singularité propre à chaque artiste, auxquelles s’ajoutent quelques caractéristiques nippones. Marie Suzuki réinterprète l’art du paravent avec ses couleurs éclatantes, Yoshihiro Watanabe l’art de l’origami avec ses animaux minutieusement réalisés à l’aide de feuilles d’arbre, et Shinichi Sawada l’art de la céramique avec ses sculptures faisant songer aux esprits et monstres peuplant l’imaginaire japonais. D’autres encore, comme Masaki Hironaka et Yukio Karaki, s’intéressent à une histoire plus actuelle, notamment aux bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki à travers leurs dessins poignants… Les petites sculptures de Tomoaki Sakai s’intéressent à un quotidien qui nous est plus familier, celui de l’électroménager ! Vous l’aurez compris, les sujets sont eux aussi divers et libres, sans frontières donc !

Voilà pour le (trop) court aperçu de l’exposition ! Si d’aventure vous vous promenez près de Montmartre ou que vous venez faire des emplettes au marché Saint Pierre, n’hésitez pas à passer voir cette exposition dont les œuvres mystérieuses vous berceront, c’est certain !
*cité in DAGEN, Philippe et al., Histoire de l’art, Epoque contemporaine : XIXe-XXe siècles, Paris : Flammarion, 2005, p. 480
Y aller :

Exposition « Art brut japonais II », du 8 septembre 2018 au 10 mars 2019, Halle Saint Pierre, 2 rue Ronsard, 18ème arrondissement, Paris
Pour plus d’informations sur les artistes exposants, les horaires, l’accès, les tarifs de l’exposition, voir leur site.
Image de couverture : Omigakuen, Détail de l’œuvre collective pour le 40ème anniversaire, 1986, argile et émail sur contre-plaqué, 180 x 180 cm
Crédits photographiques : Hélène Trébuchet