Yokainoshima, les esprits du Japon, au musée des Confluences

A l’occasion de la saison « Japonismes 2018, des âmes en résonance », le Musée des Confluences de Lyon vous fait découvrir les croyances japonaises depuis l’Antiquité dans l’exposition « Yokainoshima, esprits du Japon ». Photographies, sculptures, cosplay, jeux vidéo… Rien n’a été oublié ! On vous y emmène maintenant !

Cette exposition est née d’un désir de confrontation : mettre en rapport les photographies du Japon rural prises par Charles Fréger entre 2013 et 2015, et les collections d’œuvres japonaises du Musée des Confluences.  L’exposition se répartit sur trois grands axes : invoquer, incarner et interpréter.

Les travaux de Charles Fréger

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Le photographe Charles Fréger. Photo Bertrand Stofleth, musée des Confluences

Charles Fréger est un photographe français né en 1975. En 2013, il décide de partir à la découverte du Japon traditionnel. Son projet est intitulé Yokainoshima, ce qui signifie « l’île aux esprits ». Pendant deux ans durant lesquels il effectue cinq voyages, il part à la recherche des yokai, oni, tengu, kami, kappa ; que l’on traduirait par les esprits, monstres, ogres, dieux et farfadets. Il va traverser les campagnes pour photographier les fêtes religieuses, et plus particulièrement la façon dont les Japonais incarnent les esprits en lesquels ils croient. Les déguisements, l’attitude imitée, voilà ce qu’il cherche !

Son travail est impressionnant parce qu’il se situe entre le documentaire et la photographie artistique. Il s’oblige à avoir toujours le même protocole : un trépied, un cadrage à l’équerre, un éclairage supplémentaire ; cependant, son travail n’est pas exhaustif et à aucun moment il n’a prétendu dresser une liste des esprits ou des cérémonies les concernant !

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Scénographie de l’exposition « Yokainoshima, esprits du Japon ». Photo Bertrand Stofleth, musée des Confluences

Ce sont près de 80 photos qui sont disposées le long des murs de l’exposition. Elles permettent d’alléger une exposition déjà dense en informations, tout en apportant une touche mystérieuse et esthétique — on regrette presque de ne pas avoir plus d’explications sur certaines photos. Elles répondent toutefois parfaitement aux objets exposés, dans le sens où elles montrent le côté intemporel du Japon. Les croyances développées au 6ème siècle de notre ère ont en effet toujours autant de force aujourd’hui !

Tour d’horizon de l’exposition …

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Scénographie de l’exposition « Yokainoshima, esprits du Japon ». Photo Bertrand Stofleth, musée des Confluences

On est accueilli dès l’entrée par un lion gardien, disposé habituellement à l’entrée des temples. Des lanternes rouges aux séparations imitant les paravents traditionnels, tout est fait pour créer un air de Japon le temps de la visite ! Au centre de l’immense pièce qui accueille l’exposition, il y a même un kiosque japonais traditionnel : dans celui-ci vous pourrez vous asseoir et profiter à loisir de contes musicaux racontant les mythes japonais.

Dans la première partie de l’exposition, les différentes religions japonaises et leurs origines nous sont présentées. On nous explique notamment comment le bouddhisme et le shintoïsme se sont développés. Chaque divinité est présentée par un texte et une ou plusieurs de ses représentations. Par exemple, Daruma était un moine bouddhiste qui a enseigné en Chine les techniques de méditation. Il a médité si longtemps qu’il en a perdu ses membres. C’est pourquoi il est représenté sous la forme d’un œuf à visage peint, comme ici !

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Daruma (Japon – 2018)
Photo Crisco – Creative Commons

L’autre idée développée dans cette partie sur l’invocation se concentre sur comment les Japonais vivent leurs croyances : dans les temples, chez eux avec un autel particulier ou même lors de pèlerinages. Pour cela, tous les supports sont employés. On nous présente des sculptures et œuvres traditionnelles bien sûr, mais pour montrer à quel point les yokai sont encore imprégnés dans les croyances actuelles, quoi de mieux que des anime ? On est sûrs que même sans savoir, vous en avez déjà vus certains hantés par ces esprits !

La deuxième partie se focalise quant à elle sur l’incarnation : il ne suffit pas d’enfiler un costume pour représenter l’esprit pendant une cérémonie. L’habit ne fait pas le moine, il y a l’attitude aussi ! La personne qui porte le costume devient donc cet esprit. Le cosplay est d’ailleurs présenté comme étant l’héritage direct de ce travail d’incarnation ! Mais quant au sens qu’il revêt, on ne s’avancera pas plus…

Ainsi, sont exposés différents costumes et masques portés habituellement. Ce que l’exposition montre bien, c’est le rapport des Japonais à la nature. Par exemple il y a un masque de renard, différents objets représentant des renards ou esprits renards, les kitsune, ainsi qu’un renard naturalisé, pour montrer la source d’inspiration directe de ces objets. Pour le coup, on pense que c’est le renard…!

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Masque de type Kurohige
(Japon – 18e siècle)
Photo Olivier Garcin – musée des Confluences

L’exposition se conclut sur l’interprétation. Le travail d’incarnation est très proche du travail d’acteur, sauf que cette fois-ci on se crée un autre personnage, un double. C’est l’occasion pour présenter le théâtre nô au visiteur, masques, photos et vidéos à l’appui !

L’exposition se conclut sur une salle remplie de jeux d’arcade : parce que finalement, le jeu vidéo achève cette idée du double avec la création de l’avatar. C’est probablement l’un des côtés les plus prodigieux de cette exposition : elle montre l’importance des esprits, met en lien les différents aspects de la culture japonaise et on en ressort presque plus instruits que si on y avait voyagé !

Pour aller plus loin : 

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