Après une sanglante introduction du cycle des empereurs chinois avec l’empereur Qin Shi Huang (秦始皇), on continue sur une période un peu moins terrible, mais pas tant avec le premier empereur d’une dynastie qui s’étalera sur quatre siècles, Han Gaozu (汉高祖)…
L’autoritaire pouvoir centralisé du grand Royaume de Qin 秦 (221-207 avant notre ère) soutenu par un système légiste impitoyable aux châtiments sanglants soulève progressivement un mécontentement populaire qui éclate peu après la mort de Qin Shi Huang (r.247-210 avant notre ère). La révolte, dans un premier temps menée par Chen Sheng (陈胜) et Wu Guang (吴广) , est finalement portée par Xiang Yu 项羽 (232-202), de l’ancienne noblesse de Chu 楚, qui nomme Liu Bang (刘邦), issu du peuple, prince de Han 汉, alors lui-même engagé dans la révolte.

Toutefois, Xiang Yu et Liu Bang veulent tous deux s’emparer du pouvoir et entrent en conflit. Liu arrive le premier aux portes de la capitale Qin de Xianyang (咸阳). Lorsque finalement Xiang arrive, il installe son armée à la porte Hongmen (鸿门) pour y préparer son offensive. La suite entre dans l’Histoire à travers l’expression en trois caractères : Hongmen yan (鸿门宴) ou le banquet de Hongmen.
Xiang Yu, à l’initiative de son oncle, invite Liu Bang à un banquet à la porte de Hongmen afin de renouer un contact pacifique. Durant le banquet un des subalternes de Xiang, à l’instigation personnelle de son conseiller militaire, exécute une danse à l’épée tout en se rapprochant de Liu. Le but, vous l’avez compris, est de l’assassiner, mais l’oncle de Xiang, perçant la manœuvre, se mêle à la danse, empêchant le projet d’aboutir et Liu s’échappe sain et sauf ! Malheureusement pour Xiang qui finira par se faire battre sur le champ de bataille. Aujourd’hui Hongmen yan désigne un repas organisé avec des intentions pernicieuses afin de piéger ses opposants et d’atteindre son but.


Liu Bang devient ainsi le fondateur de sa propre dynastie : les Han, et prend alors le nom de Han Gaozu (r. 202-195 avant notre ère). Il déplace la capitale à Chang’an 长安, au nord-ouest de l’actuelle Xi’an 西安 tout en reprenant le système politique et administratif mis en place sous les Qin en adoucissant toutefois les lois pénales régies par un système de récompenses et de châtiments qui se révèlent assez cruels. Il renforce son autorité sur le territoire en nommant son entourage à la tête des différents fiefs de Qin et continue la construction de la Grande Muraille ainsi que des routes.
En bref, Han Gaozu se place dans la lignée de Qin Shi Huang, mais en un peu plus souple. Ce n’est que progressivement que le système évolue en raison de divers facteurs, apportant une période de prospérité qui culmine avec le règne de Han Wudi 汉武帝 (141-87), marqué alors par une expansion du territoire et des échanges avec l’ouest, notamment avec l’établissement des routes de la soie.
Pour en savoir plus :
- Lefebvre, Eric (dir.), Splendeurs des Han : Essor de l’empire céleste, [Exposition. Paris, Musée des Arts asiatiques Guimet, 22 octobre 2014 – 1er mars 2015], Paris, Flammarion, 2014.
- Sun, Zhixin Jason (dir.), Age of Empire : Art of the Qin and Han Dynasties, [Exposition. New York, The Metropolitan Museum of Art, 3 avril – 16 juillet 2017], New York, The Metropolitan Museum of Art, 2017.
Image de couverture : Portrait de Liu Bang
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