Aujourd’hui, Tokonoma vous emmène à la rencontre de deux figures d’exception : Joseph et Marie Hackin, archéologues de renom et compagnons de la Libération, qui ont rejoint le général de Gaulle dès 1940 !

L’exposition « De l’Asie à la France Libre » a ouvert le 15 juin au Musée de l’Ordre de la Libération. Ce qui la rend exceptionnelle ? Elle a été réalisée en collaboration avec trois musées : le Musée de l’Ordre de la Libération, bien sûr, mais aussi le Musée de l’Armée, pour montrer le rôle du couple à Londres, ainsi que le Musée National des arts asiatiques Guimet pour l’aspect archéologique. Joseph Hackin a d’ailleurs dirigé le musée Guimet !
Tout d’abord, qui sont Joseph et Marie Hackin ? Joseph est né en 1886 au Luxembourg, il fait des études en Sciences Politiques, mais un voyage en Afghanistan lui fait découvrir l’archéologie. Il a une carrière brillante ! D’abord bras droit d’Emile Guimet, il prend ensuite sa succession. Il participe à des fouilles de légende comme « La Croisière Jaune », le trésor de Begram ou les grottes de Bamiyan. Il trouve même le temps d’être professeur à l’Ecole du Louvre !

C’est là qu’il rencontre sa femme, Marie Parmentier, de dix-neuf ans plus jeune que lui, c’est une de ses élèves. Ils se marient en 1928. Elle l’accompagne partout sur le terrain, ils voyagent ensemble en Afghanistan, en Chine, au Japon. C’est une des premières à s’intéresser à la vie des femmes afghanes, et elle réalise parmi les premières prises de vues ethnographiques ! De 1936 à 1940, ils dirigent des fouilles à Begram, au Nord de Kaboul en Afghanistan, où ils mettent à jour l’art « eurasiatique » ou « gréco-bouddhique » : des ivoires indiens, des vases romains, de la verrerie syrienne…

Ils sont encore à Begram lorsqu’ils entendent parler du général de Gaulle à Londres, et décident de le rejoindre, alors même que Joseph Hackin s’était vu proposer le poste d’ambassadeur de l’Afghanistan par le régime de Vichy ! Les britanniques les aident à se rendre à Londres en passant par Le Cap en Afrique du Sud ! Sacré détour, non ? Ils travaillent tous deux à Londres quelques mois, lui aux affaires internationales, elle sous-lieutenant des volontaires françaises. Le 20 février 1941, ils sont envoyés pour une longue mission diplomatique en Inde, en Asie et au Moyen-Orient. Quatre jours plus tard, le bateau est torpillé par un sous-marin allemand et ils ne survivent pas au naufrage.
Quant à l’exposition, du fait de cette mort tragique, on n’a pas ou très peu de biens personnels de Joseph et Marie Hackin. Tout le défi était donc de réussir à les faire connaître seulement par leurs travaux ! Pour cela, tous les supports ont été utilisés : correspondance, photographies, découvertes archéologiques, vidéos…
Les commissaires ont choisi une progression thématique pour cette exposition, ils nous font d’abord découvrir le couple puis leurs travaux archéologiques lors des missions menées d’abord par Joseph seul, avant le mariage, puis par les Hackin. On peut donc y admirer le fameux Bouddha de Païtava, quelques éléments du trésor de Begram, et les objets acquis par Joseph Hackin en Chine et au Japon pour le musée Guimet et le Louvre.

Ci-dessus le Bouddha de Païtava est une sculpture de l’école du Gandhara, au Pakistan actuel. Il a été découvert par Joseph Hackin en 1924. C’est un des chefs-d’œuvre du musée Guimet, et normalement il ne quitte jamais le musée !
L’une des salles se consacre uniquement à Marie Hackin, surnommée Ria, et à ses travaux d’ethnographie. On peut y voir les nombreuses photographies sur la vie en Afghanistan, ainsi que des objets qu’elle avait ramené d’Afghanistan et qui sont aujourd’hui au musée du Quai Branly.

Enfin, on se consacre uniquement à leur travail à Londres. On y détaille les tâches de chacun ; par exemple, Marie Hackin a dessiné les insignes des Volontaires Françaises, tandis que son mari a insisté pour qu’on dessine des lotus sur les timbres des colonies françaises en Asie ! Une carte permet aussi de voir l’itinéraire ambitieux de leur dernière mission, juste à côté des deux médailles de Compagnons de la Libération, qui ont été données au musée Guimet à titre posthume.
En somme, une exposition fascinante, que l’on vous recommande vivement d’aller voir parce qu’elle apporte un œil nouveau sur ces pontes de l’archéologie, tout en leur rendant hommage de la meilleure des manières !
Plus d’informations :
« De l’Asie à la France Libre », la présentation de l’exposition par le musée
Se rendre à l’exposition :
Exposition du 15 juin au 16 septembre 2018,
Tous les jours de 10h à 18h (21h le mardi)
Musée de l’Ordre de la Libération,
Hôtel national des Invalides,
129 rue de Grenelle
75007 PARIS
Tarifs :
Plein : 12€
Réduit : 10€
Gratuit pour les moins de 18 ans