L’exposition « Le monde vu d’Asie au fil des cartes » vient d’ouvrir ses portes au musée Guimet, où elle se tiendra jusqu’au 10 septembre. C’est un parcours parmi des œuvres un peu spéciales qui nous est proposé, nous poussant à reconsidérer notre rapport au monde et à sa représentation. Alors venez faire une « partie de cartes » avec nous, on vous dit tout plus en détail !
Une exposition hors des sentiers battus
L’immense fond du musée Guimet cachait depuis bien longtemps de superbes cartes et autres plans dans ses réserves, ainsi que dans le fonds de la bibliothèque. Pour une fois, ces objets sont mis à l’honneur dans une exposition qui leur est entièrement consacrée. Montée en partenariat avec deux universitaires, commissaires scientifiques de l’exposition, elle nous fait sortir de nos habitudes muséales et nous propose d’arpenter de multiples chemins, tant physiques que spirituels.
Effectivement, une carte n’est pas uniquement un plan géographique, comme nous le rappelle l’exposition ! Elle peut également représenter un cheminement spirituel, ou plus subtilement illustrer des échanges, des relations diplomatiques, ou encore le pouvoir exercé par une région ou une personne. Revêtant des fonctions multiples, leurs aspects sont donc tout aussi variés et parfois même surprenants – qui penserait à une carte sous forme de stèle ou de mandala en or ? Un autre point particulier de cette exposition est l’inversement des rôles entre les objets, si l’on peut dire. Habituellement les cartes servent effectivement davantage d’illustrations au parcours principal d’une exposition. Ici c’est le contraire : les objets présentés sont à comprendre à travers le prisme des cartes, et non l’inverse !

Trois regards sur le monde

L’exposition s’articule autour de trois grands axes successivement développés dans les salles. Tout d’abord les enjeux religieux et politiques, qui se traduisent par des plans de temples ou des cartes de lieux de pèlerinage, des routes commerciales ou des capitales et des palais impériaux. Elles nous rappellent la place importante que prend la religion en Chine, au Japon ou en Inde, touchant parfois le plan d’une ville dans son élaboration même. La présence impériale également peut se faire omniprésente : la carte devenant un objet rappelant la grandeur d’un pays, ses frontières!
Puis vient la question même de la représentation, comment réaliser une carte ? Et surtout de quelles manières peut-on rendre le paysage qui se déroule sous nos yeux ? Nous avons généralement l’habitude dans les cartes d’aujourd’hui de voir notre monde tracé par des lignes, mais il n’en est pas toujours ainsi. C’est ce que l’exposition vous invite à découvrir à travers des rouleaux de peinture, des paravents, des céramiques, du laque et même un éventail !

Enfin, la dernière salle se consacre aux rapports qu’entretient l’Asie envers le reste du monde, et questionne la représentation de l’autre : en l’occurrence ici les Européens, soit nous-même ! L’Asie compte un certain nombre d’« explorateurs » célèbres qui ont contribué à l’élaboration de cartes et à prendre conscience des « autres », « autres » que nous pouvons alors découvrir sur des céramiques ou des estampes.
L’exposition nous pousse ainsi à nous décentrer à travers la contemplation de ces mondes multiples, imaginés pour certains ou scrupuleusement étudiés et retranscris sur papier pour d’autres, elle nous fait voyager parmi les espaces d’une autre époque et nous plonge dans des mondes passés, à la fois très concrets par ces cartes, mais dont tout peut encore être imaginé. C’est cette poésie que l’on peut ressentir à travers ces cartes initialement techniques et mathématiques, et qui nous en rappelle leur valeur artistique, devenant ainsi des œuvres d’art à part entière.
Pour en savoir plus :
- L’exposition « Le monde vu d’Asie » est à découvrir au Musée National des Arts Asiatiques – Guimet du 16 mai au 3 septembre 2018.
- Toutes les informations sur le site du musée !
Laurie-Anne Tuaire & Camille Bertrand
Photos : Laurie-Anne Tuaire & Camille Bertrand
Image de couverture : Carte du territoire de la dynastie Ming, Murayama Koshu, Japon, 1762. Couleurs sur papier de mûrier. Copie d’un exemplaire chinois anonyme perdu du XVIIe siècle, Musée National des Arts Asiatiques – Guimet, MA12448.
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