Le Musée National des Arts Asiatiques – Guimet ouvre aujourd’hui une nouvelle exposition, Caractères d’Asie, trésors de la bibliothèque. Jusqu’au 28 mai 2018, vous pourrez y découvrir une partie du fond bibliothécaire d’origine du musée, présentée dans sa bibliothèque historique.
Après Enquêtes vagabondes, le voyage illustré d’Émile Guimet en Asie (que vous avez encore quelques jours pour découvrir !), le Musée National des Arts Asiatiques – Guimet poursuit son exploration des étapes qui ont abouti à la fondation de l’actuel musée, en s’intéressant cette fois à la constitution de la première bibliothèque d’Émile Guimet.

Ce fond, constitué avant même l’ouverture du musée en 1889, témoigne du premier objectif d‘Emile Guimet : réaliser une histoire comparée des religions. On y trouve ainsi une grande variété de documents, certains très précieux ; c’est le cas du luxueux Sutra du Lotus de la Bonne Loi, rédigé à l’encre d’or dans des fascicules couverts de soie brochée. De tels objets témoignent de l’importance dans le bouddhisme des actes méritoires : recopier un sutra permet d’améliorer son karma, d’autant plus si cette copie est réalisée avec des matériaux précieux !

Des textes religieux de toute l’Asie sont présentés, et permettent d’apprécier la diversité de matériaux et de techniques présents sur ce continent. On trouve ainsi dans le monde indianisé des manuscrits sur des supports très divers ; le manuscrit ci-dessous est par exemple rédigé sur des feuilles de palmiers, liées et protégées par des ais, c’est-à-dire des planchettes servant de couvertures
. L’Extrême-Orient utilise plutôt la technique de la xylographie sur papier, l’impression à l’aide de matrices de bois gravé. Autre diversité impressionnante, celle des langues : vous pourrez en apprécier un très grand nombre en observant les différents manuscrits présentés.

L’exposition ne s’arrête pas à ces premiers manuscrits ramenés par Émile Guimet, et présente également plusieurs estampes des Conquêtes de l’Empereur de la Chine. Cette commande de l’empereur Qianlong (1736 – 1795) aux jésuites présents à sa cour était destinée à diffuser des reproductions des peintures commémorant ses victoires militaires. Réalisées de 1767 à 1774 par les meilleurs graveurs français de l’époque, réunis par Charles-Nicolas Cochin, ces estampes rappellent la présence essentielle des missionnaires jésuites à la cour de Chine. Certains ouvrages de ces religieux voyageurs sont d’ailleurs également présentés ; ils sont la première pierre de la sinologie, les études occidentales sur l’Asie.
Prenant place dans le cadre tout indiqué de la majestueuse bibliothèque historique du musée, l’exposition Caractères d’Asie, trésors de la bibliothèque permet une approche originale de ce fond, rarement sorti des réserves pour des raisons de conservation. Depuis l’Occident ou d’un bout à l’autre de l’Asie, l’exposition permet un tour d’horizon des échanges et des diffusions de la pensée à travers un objet central, l’écrit sous toutes ses formes !