Aujourd’hui, je vous invite à découvrir une petite merveille de l’animation japonaise : Miss Hokusai. Ce film est réalisé par Keiichi Hara en 2015. Il transpose à l’écran le manga Sarusuberi d’Hinako Sugiura, historienne spécialisée en coutumes et vie de l’ère Edo. Il a reçu un prix lors du festival international du film d’animation d’Annecy.
L’histoire se concentre sur la vie d’O-ei, l’une des filles de Katsushika Hokusai (1760-1849), grand maître de l’estampe japonaise qui a inspiré des artistes occidentaux comme Claude Monet ou Van Gogh. On découvre la vie d’O-ei en tant que femme, artiste, sœur et fille d’Hokusai. Le récit se focalise sur la psychologie de ces personnages, et on suit leur quotidien entre lenteur et rebondissements au sein de la cité d’Edo (aujourd’hui Tokyo) en l’an 1814.
O-ei a atteint l’âge adulte. Elle aide son père à l’atelier, où travaille l’un de ses disciples : Genjirō Ikeda, ou Utamaro, célèbre pour ses estampes de courtisanes. Elle peint sous le pseudonyme de son père et est donc peu connue, malgré un talent indéniable. Son seul défaut est l’apparente froideur de ses peintures érotiques ; en effet, notre héroïne ignore tout des secrets de l’amour. Elle s’occupe également de sa petite sœur malade, O-Nao, issue d’un autre mariage. Son père vient rarement lui rendre visite.

Le récit se veut biographique et fictif, de nombreuses libertés sont donc prises vis-à-vis de la réalité historique et du manga. Ne soyez pas étonnés, le fantastique envahit l’histoire ! Ceci se traduit par l’apparition de yokais, démons japonais peuplant les légendes urbaines de la cité d’Edo. A cette époque, la bourgeoisie en plein essor se passionne pour ces récits d’antan, qui distraient les invités lors des soirées mondaines.
Le film permet de retrouver l’ambiance et l’effervescence de cette capitale aux multiples visages : sordide, populaire, sensuelle, raffinée et poétique. Certains plans font référence
à des estampes produites par Hokusai, comme la Grande vague de Kanagawa conservée au Rijksmuseum à Amsterdam. De ces images ressortent une grande poésie grâce à cette finesse du trait évoquant l’estampe.

La vraisemblance est rendue possible grâce aux différentes bande-sons ; les bruitages évoquent les mouvement légers des kimonos et les socques en bois martelant le sol. A l’ensemble s’ajoutent de la musique traditionnelle zen, du classique et du rock.
Si la culture japonaise vous intéresse, c’est une bonne manière de faire du tourisme sans bouger de chez vous ! Ce film animé vous fait entrer en douceur au cœur du Japon féodal, qui prend fin vers 1853, lorsque les Etats- Unis forcent le Japon à s’ouvrir par le biais d’un partenariat commercial. C’est aussi l’occasion de découvrir le portrait d’une femme moderne, artiste inconnue du grand public. Tout aussi digne d’intérêt est la relation complexe qui l’unit à son père. Tous deux partagent cette quête de l’idéal artistique, et on finit par s’attacher à cet original tandem… Ce film est ainsi une bouffée d’oxygène, un temps suspendu dans un monde flottant.
Pour en savoir plus :
Vous pouvez visionner la bande-annonce en VF et trouver ce film en VOD sur Allociné.
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